Georges Tony Stoll

LES FAITS DIVERS – 1998

Pièce vidéo trois écrans sur pieds 250X180 cm

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Ce qui m’intéresse est de signaler ce qu’est un territoire, à la différence d’un terrain. L’occupation d’un territoire est particulière, événementielle, par la mise en place de performances réalisées par les hommes qui sont dans mes photographies et mes vidéos.  Normalement cette réalité-là devrait ne pas faire penser à une occupation à la limite « normale » de ce territoire. Dans mes photographies, il est en train de se passer quelque chose dont on n’a pas l’habitude. La performance est une action qui ne peut être que contradictoire, donc, sans être un acte manqué ou un faux geste, elle s’inscrit dans le champ de ce qui n’est pas usuel. Ces performances ne sont pas une réponse, pas une autre forme de folie. Elles s’inscrivent simplement dans la folie ordinaire. Est-ce qu’elles en viennent? Je n’en sais rien. Si elles en viennent, alors elles viennent aussi de ce qui a été appris. Est-ce-cela la folie ordinaire ?  Je ne sais pas vers quoi elles vont amener les hommes qui sont dans ces performances. Elles sont des annonces.

Dans le cas présent, je voulais mettre un personnage dans un monde clair, réduit à une expression radicale, coincé entre un mur et une table, qui devient une table de travail. Un genre de désert, un espace nécessaire et suffisant à lapréparation d’un projet suffisamment ambitieux pour qu’il devienne peut-être ou sûrement un souffle salvateur. Le second espace, le lieu de l’organisation, est aussi un espace neutre. Le sol, comme la table, va permettre à l’homme la réalisation organisée etordonnée de son entreprise.

Dés le départ, je voulais filmer une succession de scénettes, comme dans une pantomime, qui est, selon la définition du Robert, un jeu du mime, l’art de s’exprimer par la dance, le geste, la mimique, sans recouvrir au langage. Le silence devient une écriture invisible, le silence raconte alors dans cette dance minimale toute l’histoire de cet homme.

L’idée la pantomime et de la succession de ses scénettes m’ont fait penser que cette pièce ne pouvait être montrée que sur trois écrans indépendants dans lesquels le personnage allaient pouvoir se mouvoir et vivre sa destinée.

Le comédien, qui joue cet homme, s’est senti aussitôt à l’aise lors de la réalisation, les contraintes du tournage ne lui apparaissant pas impossibles à surmonter. Il m’a dit après qu’il s’était inventé un avenir à construire par un effort bizarre qui lui convenait à ce moment-là.

Au travers de l’expérience anecdotique d’un possible tueur en série, cette pièce montre la nécessité que l’on peut ressentir à se débarrasser de cadavres et sûrement, l’obligation de réaliser ces séparations avec une certaine force précise et donc intelligente.

D’autre part, notre quotidien est empli de la démonstration de puissances qui ne sont pas occultes et qui exhibent leur force destructive devant nous, sous la loi de n’importe quel prétexte. Et nous sommes obligés d’assister à des massacres en continu dans ce qui est devenu un paysage visuel totalement abstrait.

Les trois films doivent être projetés sur des écrans de 250 x 180 cm, séparés de 100cm. Ils doivent être montés sur des pieds.

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