Georges Tony Stoll

Constructions

constructions-texte-image-01

 

J’accepte de suivre l’acuité de mon regard dont je comprends la liberté à voir ce qui se manifeste comme remarquable, sans chercher à établir une quelconque hiérarchie. Finalement, mon regard décide de tout, je le laisse faire, et il suffit seulement de se servir de l’appareil de photographie ou de la caméra ou de ses mains. Je me rends compte en fait que ces manipulations provoquées ne sont que les réponses exactes à une réalité qui m’apparaît souvent comme concentrationnaire, possédant souvent les caractères d’un nouvel ordre moral, un nivellement conformiste qui tend à exclure toute spontanéité étrangère. Ces manipulations peuvent donc aussi apparaître comme des réponses à des menaces.

 

constructions-texte-image-02

 

J’ai inventé l’idée d’un territoire à l’intérieur duquel tout devenait possibilité, par le mélange calme ou excessif des effets de ce que je connaissais, de ce que j’avais appris ou simplement vécu.

 

constructions-texte-image-03

 

L’occupation d’un territoire est particulière, événementielle, par la mise en place de ce qui représente des sortes de performances. Normalement cette réalité-là devrait ne pas faire penser à une occupation à la limite « normale » de l’espace de ce territoire.

 

constructions-texte-image-04

 

Je joue avec la force qui attache le vrai au faux et inversement, avec aussi l’expérience du paradoxe qui autorise l’exploitation, la déformation, l’inversion, l’explosion, et au bout du compte l’invention. Il s’agit donc de surprise, être surpris par ce que l’on voit devant soi dans le cadre de la réalité où vient s’inscrire l’événement et son phénomène. Il faut se servir de cette surprise et gonfler ses paramètres jusqu’à obtenir une image nouvelle de ce qui existe déjà.

Il est possible alors de construire un autre espace qui doit prendre un caractère plus abstrait. Et l’acuité qui guide ma compréhension des phénomènes et du poids de leurs conséquences, m’apparaît être le moyen le plus juste pour affirmer ce qui ressort de mes expériences à l’intérieur de ma culture et la place de mon désaccord dans la société dans laquelle je vis.

 

constructions-texte-image-05

 

Mon chef d’œuvre-2007, Constellation Anonyme – 2010 et Archéologie Désordonnée – 2012 sont des constructions placées dans l’espace entre l’architecture et la sculpture en terme d’apparition phénoménale. Il est question d’élévation dans un espace virtuel, que je nomme le territoire de l’abstraction où se mêlent les effets des expériences apprises et vécues, et dont je me sers des forces même contradictoires pour produire une image qui a sa propre autonomie. Constellation Anonyme peut apparaître comme la maquette d’un bâtiment à l’originalité idéale quelque soit sa fonction future. Cette structure peut être aussi devenir le projet d’un monument élevé à la gloire d’un idéal fou, devenant un point de repère incontournable dans l’espace actuel aux constances hasardeuses, comme Archéologie Désordonnée et Mon chef d’œuvre.

 

constructions-texte-image-06

 

Ce que nous savons est bien que l’or a été longtemps utilisé pour marquer une distance phénoménale entre le naturel et le surnaturel. Mais également, ceux qui possédaient le pouvoir de l’argent se servaient de cette loi comme une apparition tout aussi sublime pour se montrer au dessus du commun. Aujourd’hui, le pouvoir prend de multiples formes, même si perdure la fascination pour ce qui reste une présence à l’apparence étrange, avec sa drôle de brillance frissonnante.

Dans ma série de constructions les planches de contreplaqué ne sont pas recouvertes à la feuille d’or, mais simplement peintes avec de la peinture l’acrylique. De loin le spectateur est attiré par la fameuse qualité du rare, qui se révèle un leurre masquant la simplicité presque grossière de ce qui n’est que du faux bois.

Je veux provoquer et stimuler. Je veux que mes images, soient vues comme je les vois. Comme la reproduction de la mémoire inconsciente d’un objet, d’un lieu, d’un espace. La mémoire d’une accumulation de phénomènes pouvant brouiller la raison, et aussi l’absurdité de mécanismes qui produisent des tensions intolérables. Je veux faire resurgir ces caractères et les transformer en de simples questions.

Il est clair que je me suis servi de tout ce qui a été produit par la modernité à l’intérieur de l’énigme existentielle. Que doit être un homme pour exister vraiment, sous le pouvoir de quelle loi doit-il se comporter et, au contraire, peut-il vraiment exister sans une contrainte permanente qui l’obligerait ? Se demander alors à quoi sert l’Art.

 

constructions-texte-image-07

 

Ces constructions observent ce qui se trame autour, elles ne réagissent pas, elles réconfortent leur identité et leur indépendance en restant silencieuses. Il suffit de s’en approcher pour entendre un son fait de millions de bruits, de souffles, de cris peut-être, et de rires aussi. Je ressens le besoin de voir en face de moi quelque chose de bizarre, sans me souvenir, sans répéter. Voilà comment je comprends que je suis un artiste.

Alors ces constructions et moi-même tentons le coup de ralentir le mouvement effréné de ce Monde, et d’inventer d’autres processus dans ce qui est en effet une spirale, ou une arène, ou bêtement un trou.

 

constructions-texte-image-08

 

Tout cela serait donc dû au hasard. Il y aurait à dire sur l’analyse, l’ombre, l’origine, l’éveil, l’ordre, et tout à coup le rêve. Le rêve qui serait la synthèse des effets de la réalité, une synthèse souvent désordonnée qui ne laisserait qu’un souvenir parfois confus, mais qui donne à voir la réalité comme une seule sacrée entreprise. Peut-être faut-il seulement aller vers ce lieu, ne pas chercher son nom ni sa localisation, en prenant le prétexte qu’il ne sert plus à rien de rêver, le refus du rêve les yeux grands ouverts, juste un endroit dont il faut inventer l’organisation. Après tout, l’horizon n’est aussi lumineux que l’on aime le croire, ni aussi glacial, il est juste là.

 

Constructions-texte-image-09

X