Georges Tony Stoll

Constellation Anonyme – 2006, 2009

L’origine de la construction Constellation Anonyme- 2006, 2009, est la photographie d’un jeu de formes découpées dans des feuilles de carton, associées à la construction d’un simple parallélépipède, une boîte banale. Au départ, ces formes se plaçaient autour de cette boîte, à côté, un peu plus loin, comme des éléments possibles pouvant alors contredire par leur diversité le calme évident d’une construction classique.

Une fois la photographie, Constellation Anonyme- 2006 réalisée, il s’est avéré qu’un jour ces éléments se sont retrouvés assemblés sur le toit de cette boîte, et cela seulement pour une histoire de rangement, j’avais besoin de l’espace qu’ils occupaient sur le sol de l’atelier. Et ce regroupement a produit par hasard la pièce telle qu’elle peut être montrée. La boîte devenait le socle de ce qui pouvait apparaître alors comme un drôle de totem, le totem d’un hypothétique rituel à la gloire de ce mouvement actuel incessant, où tout peut être réuni d’une manière souvent aléatoire.

J’ai eu envie de solidifier cet assemblage et j’ai réalisé une maquette en contreplaqué. Il m’est apparu alors évident de recouvrir les façades de cette nouvelle construction d’un film doré, pour lui donner l’image possible d’un feu symbolique dont l’étrange luminosité serait visible au loin.

Les dimensions devaient être « minimales », 2m80 par 1m75, pour que le spectateur sente une certaine proximité avec ce qui n’est en effet  que l’apparition de l’image d’une illusion.

J’ai gardé le titre de la photographie, Constellation Anonyme, puisqu’il est possible de la reformer, les éléments n’étant pas fixés entre eux.

La pièce montrée actuellement au cloître des Bernardins, lors de l’exposition « La pesanteur et la grâce » est en contre plaqué.

La proposition de la Maif m’intéresse vraiment. Il serait intrigant de réaliser Constellation Anonyme en bronze. La force de ce matériau particulier, employée d’une manière contemporaine, réconforterait la force solide de la présence de la construction, et cela malgré ou à cause de ce qui peut apparaître comme des imperfections, comme le découpage ou l’assemblage des parois irrégulier à certains endroits. Il serait très intéressant d’arriver à « copier », grâce au savoir du fondeur, la qualité pauvre du contreplaqué en retrouvant par exemple le grain des tranches et le dessin fin des stries qui s’étirent le long des parois.

Le bronze mettrait alors en lumière la simplicité des formes et leur manipulation tout à coup baroque, pour l’édification de ce qui peut être compris comme le point de repère d’une réflexion sur « la qualité » du désordre contemporain.

Cette pièce pourrait alors être présenté dans les jardins de la Villa Medici à Rome, sous l’égide d’Eric de Chassey, son directeur. Et faire partie d’une suite de pièces (Balthus, Penone) qui amplifie l’atmosphère mystérieuse de ces lieux.

Après la « nomination » au prix Maïf.

Yann est venu travailler avec moi sur le rétrécicement de Constellation Anonyme. C’était bizarre de vivre cela avec la maquette en face de nous. Nous avions par magie élevé cette petite construction jusqu’à une taille idéale et là, nous avons rétréci ce résultat jusqu’à faire rentrer ce qui est devenue presque « une chose » dans des limites qui nous ont été imposées : pas plus de 3m de hauteur, largeur, profondeur. Ce qui risque d’être intéressant, si elle gagne, est de la montrer ainsi définie sur un socle d’une hauteur de plus d’1m pour en faire en effet un drôle de gros objet tout à coup.  Un gros objet à l’allure sérieuse, un peu trop sérieuse, et alors un peu trop comique, pourquoi pas.

Je n’arrive pas à penser à ce qui est certainement une figuration de ce que je ressens lorsque je vois ce qui est construit, comme une image miroir de ce que je trouve souvent raté, grotesque, laid finalement (le musée des Arts Premiers de Novel). Je ne suis pas sûr qu’au départ il s’agissait de faire « un bâtiment », mais plutôt une chose qui pourrait ressembler à un bâtiment. Je crois que j’ai eu plutôt envie de me faire plaisir en pensant à un bâtiment possible qui me plairait par ses caractères approximatifs ou plutôt improbables, fort et mouvant, un peu échevelé en effet, un peu « folle », une construction efféminée. Comme dans une bande dessinée des années trente, dans une ville du futur, le palais d’un Maître hystérique ou le palais des Plaisirs Infernaux , offerts par ce Maitre à une population envoutée ou ensuquée par des flots ininterrompus de discours débiles. Un bâtiment qui les attireraient et dans lequel, ils pourraient vivre l’illusion du plaisir.
Ce qui est sûr est que Constellation dans ces nouvelles dimensions redevient une maquette, une grosse maquette en bronze, et voilà pourquoi il faudra certainement la montrer sur un socle de un peu plus d’1m de hauteur. Grosse petite chose, un oriflamme tiens, dans une cour cachée. Impossible encore de trouver une référence possible. Don, l’humour.

Si je gagne ce prix, que vais-je pouvoir faire de cette chose ? la déposer en bas de chez moi comme l’annonce de ce que peux faire aussi ?

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